Quittant Ljubljana, nous prenons le chemin du paradis, direction le parc national de Plitvice. 3h de route, et au milieu, une rencontre fortuite avec un T2 jaune qui prenait sa pause pique-nique sur la même aire que nous. Le fossé des générations… Connaissant notre nostalgie, Peter Pan nous demande pourquoi nous n’avons pas acheté un van ancêtre plutôt que notre voiture jaune. L’ancêtre en question lui offre une réponse immédiate : le démarreur du combi fait des siennes, et Sam prête main forte pour pousser l’engin. Si nous rêvons toujours d’un T2, nous savons aussi que ça ne peut être notre seul véhicule. Tant la mécanique que la consommation ne sont pas à notre portée. Hasard des rencontres encore, alors que j’écris ces lignes sur la route de Krka, nous recroisons le combi, toujours vaillant. La vie, tsé.
En fin d’après-midi, nous arrivons à Plitvicka Jezera, au coeur des Dinarides, la chaîne de montagnes qui dessinent le paysage croate.
Nous finissons la journée calmement, en installant nos tentes au Kamp Borje, à 15 km de l’entrée 2 du parc national de Plitvice, notre destination initiale. Nous décidons, pour fuir et les marées humaines, et la chaleur, de nous lever à l’aube, vers 6h du matin, pour commencer notre trail à la fraîche.
Nous choisissons l’itinéraire H, soit près de 10 km de marche avec un dénivelé de 600m, 25 minutes de bus et 30 minutes de bateau.
Il nous faudra près de 7h, pause pique-nique comprise, pour boucler la boucle, sous un soleil de plomb, 33°C au compteur. A l’arrivée, Sam et moi avions le coeur au bord des lèvres, les mollets en compote et le teint écrevisse bien cuite, et ce malgré les couches de crème solaire. C’est souvent dans ces moments-là qu’on se dit : «je vais reprendre le sport», pour oublier aussitôt la routine retrouvée. Car de Plitvice, on ne revient pas indemne. La nature se débrouille tellement bien sans l’homme.
A l’état sauvage, l’eau est transparente, forte, puissante. Les poissons se débrouillent avec les algues, les pierres avec la mousse, et tout se passe très bien. Les visiteurs, presque des intrus au milieu de tant de merveilles, sont drillés à ne rien abîmer. Sur toute la balade, je n’ai vu qu’un papier à terre, de la taille d’un post it. Peter Pan pense que les lieux sont tellement beaux, que personne n’oserait les profaner. J’espère qu’elle a raison. Mais je sais aussi, pour l’avoir constaté au cours de notre voyage, qu’on ne plaisante pas avec la propreté, ici. Tant les aires d’autoroutes que les restaurants ou les campings sont d’une propreté exemplaires. J’ai honte de mon pays, pour le coup.
Mais restons au paradis de Plitvice encore un peu. Chaque détour du sentier en bois nous révèle une merveille de plus : les poissons qui jouent dans les cascades d’eau pure et transparente comme du verre, les prairies fleuries, et les lacs, d’un bleu incroyable. Chaque escalade est récompensée de panoramas époustouflants, ce qui fait dire à Peter Pan, qui n’en loupe pas une, que la vie, finalement, c’est comme la nature : il y a du difficile et du beau, et l’un ne va pas sans l’autre. Aujourd’hui, nos efforts et notre sueur sont d’ailleurs récompensés généreusement.
Épuisés, mais les yeux encore éblouis de tant d’infini, nous regagnons le calme de notre campement, où seuls les oiseaux nous empêchent de dormir. Mais l’effort creuse, et le resto du coin nous calera l’estomac avec quelques spécialités locales, avant une bonne nuit de sommeil, aux rêveries turquoise.
La prochaine étape nous emmènera vers Skradin et un autre parc national, celui de Krka.
Les plus : Plitvice à 8h, c’est parfait. Les cars de touristes arrivent vers 11h, et peu se risquent au grand trail. Pour savourer le paradis en toute quiétude, il faut donc se lever tôt !
Les moins : notre première nuit au Kamp Borje a été perturbée par un énorme orage. Heureusement, la voiture nous a abrité en toute sécurité.
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